Enfant, j’étais agité, j’en ai fait voir pas mal à mes vieux. D’une fugue au collège à la gifle d’un dirlo… oui, c’est ça… j’étais agité ! J’adorais le dessin, c’était mon passe-temps favori, j’aime dire encore que c’est le passe-temps du pauvre, parce qu’avec un stylo, on peut dessiner à peu près tout et n’importe où. Bon, j’ai un petit souci de naissance, c’est que je suis dyschromate et qu’il m’est arrivé d’offrir une jolie peinture à ma sœur, d’un cheval peint en vert ! Et puis j’ai découvert la vidéo et le montage très tôt. Après le super 8, est arrivé le caméscope ! C’était à la grande époque de la 5 (la chaîne de télé), des Inconnus, des Nuls. J’adorais cet univers, où l’on pouvait présenter un divertissement au plus grand nombre, tout en s’éclatant à le faire. J’ai toujours gardé en mémoire ces formidables soirées des Carpentiers, et des réveillons de Noël avec les Le Luron, Desproges, Sardou, Johnny, Dorothée, Carlos…

Pour autant, il ne m’est jamais venu à l’idée de faire une école d’art plastique ou je ne sais quoi d’artistique, l’artiste pour moi c’était à la télé, la vraie vie c’était un vrai travail. Je regrette de ne pas m’être orienté vers une école en vidéo, ça m’aurait évité les très nombreuses années nécessaires à la maîtrise des outils numériques de montage.

J’ai souvenir de deux moments importants dans ma jeunesse. Le premier, c’était pour la communion de ma grande sœur, je crois, mon père s’était mis en tête d’utiliser la caméra qu’il avait louée à son CE pour faire une cassette de l’événement, et comme il restait un peu de bande, il s’est dit, ok, on va faire tourner les petits ! Moi, j’ai toujours été enthousiaste à l’idée de créer, je me suis mis à écrire un scénario, enfin, à quelque chose qui pouvait être filmé par trois gamins de 12 ans. C’était inspiré des « Nuls » forcément, sous la forme d’un mini JT, dont j’étais le présentateur « Bruno Œuf durE » 🙂 oui, j’avais quelques soucis avec l’orthographe… C’était mon père qui filmait, et comme on n’avait pas de table de montage à l’époque, il coupait à chaque fois pour refaire la scène ou changer d’angle… C’était juste génial, mon père faisait voir la cassette à toute la famille et amis qui venaient à la maison, mes sœurs et moi étions très fiers ! J’ai même fait un strip-tease là-dedans, aujourd’hui un père fait ça avec ses gamins, il prend une fatwa et un procès par des fausses féministes. Je suis certain que mon vieux a gardé cette cassette qui vaut de l’or aujourd’hui à mes yeux.

Le second souvenir est plus tardif. Mon père avait encore loué un caméscope pour réaliser une cassette vidéo pour le départ en retraite d’un de ses bons amis et collègues. Ni une ni deux, on a repris l’idée du JT mais cette fois-ci avec beaucoup plus de contenus. Il y avait des sketchs, des chansons (originales que j’avais écrites d’ailleurs) toute la famille y est passée, et même les amis. C’était génial ! J’avais réendossé mon rôle de présentateur, quelque chose me plaisait beaucoup derrière ça. Aujourd’hui, c’est un peu ce que je fais tous les jours, et ça me permet en partie de gagner ma vie et j’en suis très fier. On peut dire que oui, la vidéo… c’est toute ma vie.